Les trois casemates H.679

Ce sont les ouvrages les plus emblématiques du site, ce seront les derniers à y être construits, à partir de janvier 1944.

Ce type de casemate ne se retrouve qu’en baie de Seine : il restera donc étroitement lié à l’histoire du “Jour J” dans notre région.

Les effets dévastateurs et meurtriers des bombardements de plus en plus fréquents amèneront les allemands à abandonner les encuvements, au détriment de leur principal avantage : la possibilité de tirs tous azimuts, ce qui ne sera pas sans conséquences le 6 juin 1944 et dans les jours suivants.

Les casemates H.679 avaient été conçues spécialement pour deux types de canons : le 155 St-Chamond

-devenu 155 mm K 420 (f) et le 145 St-Chamond devenu 145 mm K 405 (f), matériel souvent confondu avec le précédent mais dont les performances étaient légèrement supérieures.

Si ce type de casemate permettait d’abriter efficacement les servants et leurs pièces, les conditions de “vie” y étaient pour le moins difficiles : l’obstruction de la fenêtre de tir par un bouclier métallique de 50mm d’épaisseur, évoluant en même temps que la pièce rendait impossible la ventilation naturelle. Les ouvrages devaient être équipés d’un système d’absortion de l’air vicié (cadence de tir : 2 coups/3 minutes) à grande puissance

(80 m3/minute). Pénurie de matériels, urgence à construire et à être opérationnelles,... les casemates du Mont Canisy n’en seront jamais équipées. La seule ventilation venait donc de l’accès arrière des casemates, quand toutefois il n’était pas fermé pour éviter les projections d’éclats de bombes ou d’obus.

Un maximum de 110 coups complets pouvaient être stockés dans chaque casemate : ce sera sans doute une autre pénalisation, au moment du débarquement, où le ravitaillement en munitions deviendra problématique, le paysage étant devenu “lunaire” et les sorties de galeries parfois obstruées, quand elles n’étaient pas détruites (voir en annexe les mémoires de l’amiral RUGE).

Les possibilités de débattement des canons étaient limitées à 120° (2x60°) en azimut et de -5° à +35° en site. La façade avant sera en forme de redans afin d’améliorer au maximum le débattement horizontal, des plaques de blindage de 60 mm viendront renforcer la résistance des parois les plus minces.

Les trois casemates de la batterie sont une variante du modèle H.679, variante se situant sur la face avant, au niveau des angles de murs.

Orientées au 315°, elles constituaient des blocs de 610 m3 de béton et de 36 tonnes d’acier, de 15 m de facade, de 8,50 de profondeur et de 4,85 m de hauteur hors-sol, avec des épaisseurs de murs de 2 m. Leur construction se fera à base de parpaings pleins et armés, sur les faces extérieures des parois, l’intérieur étant ferraillé et rempli de béton.

De type “Heer”, ces casemates ne disposaient pas de plaques d’éclatement pouvant éviter le soulèvement de l’ouvrage par l’explosion d’un projectile.

Le 6 juin 1944, les trois casemates actuelles étaient construites -deux seulement seront armées, une  quatrième ne dépassera pas le stade du ferraillage, il n’en reste que des éléments de dalle de sol.

Concernant la casemate ouest, terminée entre le 20 mars et le 10 avril 1944, elle sera mise hors de service le 23 avril 1944 -le même jour que l’accès à l’ouvrage souterrain par le petit tunnel. Une bombe percutera la base arrière gauche de l’ouvrage, “endommageant durement la casemate et son ossature métallique : en clair, déséquilibrée, elle ne pourra être utilisée et ne sera jamais armée. Un second coup de grâce lui sera porté : à une date inconnue, une bombe percutera l’avant droit, à la base du béton et soulèvera sensiblement l’ouvrage. Son état actuel sera encore amélioré par les démineurs qui détruiront des explosifs à l’intérieur des soutes, ce qui aura pour effet de soulever de 30° le mur arrière gauche. L’état des arrières des deux autres casemates trouve, dans la destruction d’explosifs la même origine.

Les pièces armant ces casemates seront celles équipant les encuvements, qui subiront une modification technique : le train de roulement sera supprimé et remplacé par un socle lourd fixé sur des goujons  noyés dans la dalle de sol, la flèche se déplacera sur une marche circulaire. On ne dispose actuellement d’aucun cliché des pièces sous casemates après l’abandon de la position.


Batteries du Mont Canisy - Casemate centrale - Photo B.A.